La salle des fêtes du Palais

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Le forum du Palais de la Porte Dorée
Le Forum du Palais de la Porte Dorée
Photo : Lorenzö © Palais de la Porte Dorée © ADAGP, Paris, 2018
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Plan salle des fêtes
Plan salle des fêtes,
© AN

Conçu par les architectes Léon Jaussely et Albert Laprade pour l’Exposition coloniale internationale de 1931, le Palais de la Porte Dorée représente un habile compromis entre références classiques, inspiration exotique et modernité. Sur trois niveaux, le bâtiment s’organise autour de trois vides entourés de galeries avec la salle des fêtes (actuel « forum ») au centre, s’ouvrant dans l’axe de l’entrée principale ; l’estrade située à l’opposé indique sa fonction festive. En plus de son volume (875 m² et 22,5 m de hauteur), cette salle se singularise par son mode de couverture et par son décor (fresques et pavement).

Pour la couverture de la salle des fêtes, Jaussely et Albert Laprade ont conçu un couronnement original. Couvrir une salle carrée de grandes dimensions, autrement que par un dôme, était à l’époque peu courant et l’éclairer sans que la lumière naturelle ou artificielle fût apparente d’aucun point de la salle constituait une gageure. Albert Laprade opta pour un éclairage indirect grâce à un dispositif de gradins formant pyramide. Cette pyramide centrale est composée d’une série de parallélépipèdes creux en béton reposant les uns sur les autres, comme une pyramide en escalier, dont les parois verticales sont percées d’ouvertures masquées par des plateformes en porte-à-faux. Ce dispositif ingénieux fut cité en exemple à la conférence organisée par l’Office international des musées à Madrid sur l’architecture et l’aménagement des musées (1934).

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Vue perspective de la toiture du Palais
Vue perspective toiture,
© AN
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Mosaïques éléphant dans le forum
Mosaïques forum
Photo : Lorenzo © Palais de la Porte Dorée

Le pavement en mosaïque fut réalisé par l’entreprise Gentil et Bourdet, située à Boulogne-Billancourt : svastikas et motifs d’inspiration dogon sur fond rouge pour la partie centrale en gradins (aujourd’hui couverte d’un parquet) et, sur le pourtour, des médaillons décoratifs conçus par Laprade, qui puisent dans le répertoire indo-khmer (dieu dansant, guerrier casqué, dragon ailé, éléphant).

Les mosaïques mêlent plusieurs techniques et matériaux : carreaux de grès cérame et tesselles de mosaïques en pierres ou en verre (avec un fond en feuille d’or).

En savoir plus sur les mosaïques

En 1931, la salle des fêtes accueillit de nombreuses festivités : cérémonies, banquets, concerts, conférences. Après l’exposition coloniale, le musée connut des destinations successives mais cet espace conserva une fonction festive : spectacles de musique ou de danse dans le Musée des Arts africains et océaniens ; événements divers et nombreux dans l’actuel Établissement public du Palais de la Porte Dorée, qui abrite le Musée national de l’histoire de l’immigration. Si des manifestations autour du thème de l’immigration dans un décor à la gloire de la colonisation ne vont pas de soi, il est nécessaire de prendre une distance avec ce qui reste un témoin exceptionnel d’une époque révolue qui participe à l’idée d’œuvre d’art totale voulue par Laprade.