La section des produits coloniaux

À part la bibliothèque du musée des Colonies (salon de lecture et salle des renseignements), qui faisait partie de la dernière section consacrée à l’influence coloniale sur le génie français, et de deux grandes vitrines dites à dos d’âne provenant de la section de la marine marchande, l’essentiel des objets conservés au Palais relevant de la section de synthèse proviennent de la sous-section des produits coloniaux, une des plus importantes de la section, qui occupait les salles côté nord, de part et d’autre de l’escalier d’honneur et les trois galeries autour de la salle des fêtes.

La section des produits coloniaux, organisée par Émile Prudhomme, directeur de l’Institut d’agronomie coloniale, comprenait quatre sous-sections : la galerie des produits végétaux, la galerie des produits animaux, la galerie des produits minéraux et le salon des bois coloniaux. Les différentes ressources naturelles étaient déclinées sous forme d’échantillons de plantes, de minerais ou de cuirs, aux côtés de dioramas, mises en scène tridimensionnelles de la récolte des produits végétaux. Cinq grands panneaux peints par Géo Michel ornaient l’ensemble des galeries.

Galeries des produits d’origine végétale, animale, et minérale

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Principales productions d’origine végétale, 1931
Principales productions d’origine végétale, 1931
© MQB
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Section des produits végétaux, 1931
Section des produits végétaux, 1931
© MQB

Pour la galerie d’origine végétale, l’ensemble occupait deux grandes salles et deux galeries comportant 125 m de vitrines murales, 9 dioramas, 5 grands panneaux décoratifs et 57 motifs lumineux composés de près de 600 photos sur verre de colorations variées, 18 inscriptions murales, plus de 800 notices explicatives et légendes lumineuses ou calligraphiées sur carton.

Deux types de présentation avaient été adoptés, l’une, attractive, constituée de huit grands dioramas (3 m de large sur 3,50 m de haut) commandés à différents artistes, consacrés aux plantes utiles les plus importantes ou les plus caractéristiques des possessions d’outre-mer. Le manque de place n’ayant pas permis de présenter une culture par diorama, deux ou même plusieurs plantes sont souvent associées dans chaque présentation : « Coton et Kapok », « Palmier à huile », « Ricin et sisal », « Riz, cocotier, caoutchouc », « Café et canne à sucre », « Vanille, girofle et raphia », « Légumes et fruits », « Dattiers et tabac ». Un neuvième diorama, plus grand (11 mètres de long), s’y ajoutait, par Charles Fouqueray, sur le thème de « La forêt cède la place à l'Agriculture » ; et cinq grandes toiles par Géo Michel : trois sur les produits d’origine végétale, une sur les produits d’origine animale et une sur les produits d’origine minérale (ensemble couvrant 47 m²). Entre les dioramas et les toiles étaient disposées des vitrines contenant des échantillons provenant des produits eux-mêmes (graines, feuilles, etc.).

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Panneau lumineux caoutchouc
Panneau lumineux caoutchouc
© Ph. Lebruman

L’autre présentation, plus pointue, destinée à un public averti, présentait le produit depuis la matière brute jusqu’à sa transformation ; on y voyait, notamment à l’aide d’images lumineuses (ou panneaux rétro-éclairés) le produit brut, sa composition, des données sur le pays d’origine, le mode de culture, le transport, des études techniques et statistiques. Les produits végétaux étaient également exposés sous d’autres formes : conservation de plantes à leur état naturel dans un liquide approprié et en herbier, aquarelles…

En savoir plus sur les panneaux et pilastres lumineux

Galerie des produits animaux

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Principales productions d’origine animale, 1931
Principales productions d’origine animale, 1931
© MQB

Le même principe est adopté pour les galeries d’origine animale et minérale, sans les dioramas. L’étude du bétail et des animaux sauvages, dont les dépouilles étaient transformées en objets manufacturés. À titre d’exemple, pour l’éléphant, on pouvait voir des dépouilles d’éléphant et des vitrines contenant des ivoires, statuettes, manches de couteaux et cannes de billard.

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Présentation des produits en ivoire, 1931
Présentation des produits en ivoire, 1931
© CIRAD
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Vitrine des cuirs et peaux, 1931
Vitrine des cuirs et peaux, 1931
© CIRAD

Galerie des produits minéraux

Selon Émile Prudhomme, l’ensemble constituait « une documentation aussi exacte que possible, combinée au caractère attractif ». L’idée directrice était de présenter sous la forme d’une « leçon de choses » les enseignements les plus exacts sous la forme la plus attrayante ; réaliser une synthèse des produits coloniaux capable de retenir l’attention du technicien, de l’agronome, du négociant, de l’industriel, de l’artiste, de l’économiste, de l’étudiant, du voyageur, de l’instituteur et même de l’écolier, du visiteur qui cherche seulement à s’instruire en se distrayant, de l’homme de la rue… Une manifestation pas seulement artistique ; avant tout une présentation technique rendue plus attrayante par le concours de plusieurs artistes.

Au total, 193 groupes de produits présentés occupant, suivant leur importance, soit une ou plusieurs vitrines, soit une fraction de vitrine ; une soixantaine de brochures explicatives ; près de 2 000 échantillons soigneusement choisis, étiquetés et accompagnés de 700 légendes ou notices formaient un manuscrit de 200 pages de grand format.

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Principales productions d’origine minérale, 1931
Principales productions d’origine minérale, 1931
© MQB

Le salon des bois coloniaux

Les bois coloniaux étaient présents dans toute l’exposition coloniale : au sein des pavillons eux-mêmes ainsi que dans des pavillon spéciaux, intégrés à la section métropolitaine. Ici, il s’agit d’un ensemble aménagé dans le Palais, qui faisait partie de la section de synthèse.

À l’angle nord-ouest du premier étage, dans le prolongement de la galerie des produits coloniaux, fut aménagé, pendant l’exposition de 1931, un salon destiné à faire la promotion des bois coloniaux. Un marché fut passé le 20 décembre 1930 avec la société Saddier et fils ; l’organisation était assurée par Maurice Martelli, directeur de l’association Colonies-Sciences (fondée en 1925 afin d’encourager les recherches sur les végétaux et les bois coloniaux et de sensibiliser l’opinion publique), et par Émile Prudhomme, directeur de l’Institut d’agronomie coloniale. Sur un espace d’environ 50 m², furent disposés, 59 panneaux verticaux d’essences de bois différents, formant saillie, comme une sorte de paravent ; les panneaux étaient vernis au tampon et groupés suivant leurs affinités de couleurs en vue d’un effet d’ensemble. Quelques meubles complétaient cet ensemble : contre les parois, une console en bois d’amarante et en marbre appuyée sur un miroir d’un mètre de haut ; et un buffet en loupe de maidou, de style Art Déco ; au centre, étaient installées des banquettes disposées en cercle autour d’un fût central auquel étaient accrochés des photographies et documents concernant les bois présentés. Au-dessus du buffet était accrochée une composition en marqueterie de bois exotiques représentant un paysage (palmier et autres végétaux), réalisée par Maria Martelli.

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Album Saddier et fils, Objets d’Art, console
Album Saddier et fils, Objets d’Art, console
© MAD

En plus de la console et du buffet, plusieurs panneaux qui tapissaient la pièce ont été conservés : ils constituent aujourd’hui l’encadrement de porte qui sépare le hall administratif de l’Aquarium, au rez-de-chaussée inférieur. Cet ensemble constituait une sorte de complément didactique aux salons historiques du hall d’honneur, réalisés également en bois exotiques.

La rationalité et la profusion de la présentation des différentes galeries des produits coloniaux montrent la volonté des organisateurs de rationaliser l’espace et le temps pour exploiter des ressources naturelles inépuisables. Rien ne transparait de l’exploitation et de la violence faites aux hommes et aux animaux dans les colonies.