Un Palais Art déco

Qualifié de véritable « joyau de l’Art déco », le Palais de la Porte Dorée est un monument caractéristique de l'architecture Art déco, mouvement artistique qui s’est développé entre 1910 et 1940 (qui tire son nom de l’Expo des Arts décoratifs de 1925 à Paris).

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La façade du Palais
La façade du Palais de la Porte Dorée
Photo : Pascal Lemaître © Palais de la Porte Dorée © ADAGP, Paris, 2022

Un vocabulaire architectural caractéristique

Premier style véritablement international, symbole d’un art mondial et moderniste, le style Art déco est reconnaissable par un répertoire stylistique architectural, composé de signes distinctifs.

Les formes abstraites et figuratives sont caractéristiques d’une stylisation formelle, faisant appel à un design minimaliste, avec peu d’ornementation et recourant à des motifs décoratifs symbolisés. Les grands volumes, traduisant la valorisation du monumental, renforcent la symétrie des espaces et les compositions rigoureuses, qui s’appuient sur une pureté et une sobriété des lignes géométriques (angles vifs et droits en opposition aux courbes sinueuses de l’Art nouveau).

Le Palais de la Porte Dorée, construit de 1929 à 1931, est considéré comme un véritable manifeste de l’Art déco, synthétisant le vocabulaire architectural de ce nouveau style : symétrie, géométrisation des lignes, syncrétisme stylistique, monumentalité, colonnade, parvis de grand volume, éclairage zénithal, structure porteuse en béton armé, etc.

Il est le précurseur du Palais de Chaillot et du Palais de Tokyo (tous deux construits pour l'Exposition universelle de 1937), qui utilisent les mêmes codes de l'architecture Art déco. La façade du Palais de Tokyo est également ornée de deux bas-reliefs réalisés par Alfred Janniot.

Les matériaux Art déco

Autre caractéristique Art déco du Palais de la Porte Dorée, on y retrouve l'usage de matériaux spécifiques de cette période comme le béton armé, la pierre de taille, les bois exotiques ou le fer forgé, ainsi que des matériaux nobles et précieux, issus de l’univers du luxe (laque, dorure, bronze argenté, bois précieux, incrustations d’ivoire et galuchat pour les meubles de Ruhlmann).

Une œuvre d’art totale

L’architecte du Palais Albert Laprade (1883-1978) l’a conçu comme une œuvre d'art totale, typique de l'Art déco, avec l'utilisation des arts décoratifs comme un élément indissociable de l'architecture, décor et mobilier étant mis au même niveau que les éléments architecturaux, à la fois en termes de qualité des matériaux et en termes de mise en valeur d’un artisanat d’art.

Laprade a fait appel aux grandes figures artistiques de son époque, si bien que le Palais peut être assimilé à un catalogue des meilleurs artistes de l’Art déco. Tous les arts décoratifs sont sollicités dans une démarche cohérente et globale pour une œuvre collective, issue d’un travail d’équipe : ébénisterie, sculpture, ferronnerie, mosaïque, fresque, peinture, verrerie… Les artistes de l’Art déco étaient pour beaucoup pluridisciplinaires et excellaient dans de nombreux domaines, exploitant différentes techniques au service d’une même esthétique. La plupart se sont fait connaître lors de l’Exposition de 1925.

La décoration des deux salons historiques illustre la figure de l’ensemblier qui s’impose dans l’univers de la décoration à l’époque. Les deux célèbres créateurs Art déco qui y ont travaillé (Jacques-Emile Ruhlmann - 1879-1933 - pour le salon "Afrique" et Eugène Printz - 1889-1948 - pour le salon "Asie") ont conçu l’ensemble du décor, pensé comme un système total, maîtrisant la totalité du processus créatif : le dessin du mobilier, celui des motifs du sol en marqueterie, le choix des matériaux pour les habillages en bois du décor, etc.

Les grands luminaires en fer forgé à deux vasques du hall d'honneur sont de Raymond Subes (1891-1970), qui a également réalisé les grands vases éclairants en laiton repoussé du salon Afrique et la ferronnerie en claire-voie qui surplombe le hall d’honneur.

Les autres ferronneries du Palais ont été réalisées par Edgar Brandt (motifs ethniques des impostes des portes-fenêtres du hall d’honneur) et Gilbert Poillerat (ferronneries de l’escalier Nord). La grille de l’entrée principale en fer forgé décorée de triangles dorés est du célèbre ferronnier d’art Jean Prouvé (1901-1984).