Pierre-Henri Ducos de la Haille

La fresque qui décore le forum au cœur du Palais de la Porte Dorée, ancienne salle des fêtes pendant l’Exposition coloniale de 1931, a été réalisée sur plus de 600 m² par le peintre Pierre-Henri Ducos de la Haille (1889-1972), professeur à l’École des beaux-arts de Paris, et ses sept assistants dont on peut lire les noms à gauche de l’entrée, ainsi que ses élèves.

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Pierre-Henri Ducos de la Haille, 1922
© Agence de presse Meurisse

Né le 26 juillet 1889 à Poitiers, Pierre-Henri Ducos de la Haille passe sa jeunesse entre cette ville au riche patrimoine artistique et l’île d’Oléron, où sa famille possède une maison. Installé à Paris au début du XXe siècle, il entre à l’École nationale supérieure des beaux-arts en 1909. Il y devient l’élève de Raphaël Collin, qui s’est notamment illustré dans la peinture décorative de figures allégoriques pour le théâtre de l’Odéon et l’Opéra-Comique.

Après avoir effectué son service militaire en Algérie de 1912 à 1914, Ducos de la Haille est mobilisé durant la Première Guerre mondiale et blessé au combat. De retour aux Beaux-arts de Paris en 1919, il suit l’enseignement du peintre postimpressionniste Ernest Laurent dont la production, constituée essentiellement de portraits de femmes, comprend aussi des panneaux décoratifs allégoriques pour le vestibule du grand amphithéâtre de la Sorbonne.

Aux Beaux-arts, Ducos de la Haille intègre également l’atelier de Paul Baudoüin, qui est à l’origine du renouveau de la technique de la fresque en France. Il réalise à cette occasion ses premières fresques, La Mer et La Terre, pour l’école de garçons de la rue des Jeûneurs à Paris.

En 1922, Ducos de la Haille obtient le prix de Rome de peinture grâce à sa réalisation sur le thème imposé de La fortune et l’abondance sorties du sillon creusé par le laboureur. Entre 1923 et 1926, il est pensionnaire à la Villa Médicis, où il se lie d’amitié avec les sculpteurs Louis Bertola et Alfred Janniot.

À son retour de Rome, Ducos de la Haille réalise en 1928 la fresque de la salle du conseil municipal de l'hôtel de ville de Reims, structurée autour de la figure centrale de la République drapée de pourpre. Elle est entourée des allégories de la Paix et du Travail, qui contemplent respectivement un paysage agricole foisonnant et la reconstruction de la ville de Reims.

En 1929, il réalise la fresque L’âge d’or pour l’industriel du textile Pierre Haussy. La maison d’Haussy, située près de Lille, est le fruit d’une collaboration entre le peintre, l’architecte Roger-Henri Expert, le sculpteur Carlo Sarrabezolles et les ferronniers Edgar Brandt et Raymond Subes.

Ducos de la Haille succède la même année à Paul Baudoüin comme professeur de fresque aux Beaux-arts de Paris. Considéré alors comme le maître de la technique de la fresque et comme un artiste sensible à « l’esprit colonial » du fait de ses années passées en Algérie, il est appelé par l’architecte Albert Laprade afin de réaliser une fresque de 600 m2 sur le thème de l’apport de la France à ses colonies, pour la salle des fêtes du Palais permanent de l’Exposition coloniale internationale de 1931.

Inaugurée en mai 1931, la fresque est constituée de figures allégoriques, qui s’inspirent grandement de celles de l’hôtel de ville de Reims, ainsi que de scènes coloniales qu’il réalise en collaboration avec un autre élève de Baudoüin, Etienne Hauville. Épuisé par six mois de travail intense, Ducos n’entreprend plus par la suite que deux fresques, une en 1932 pour l’hôtel particulier des Mondor à Cognac sur le thème des Quatre saisons, détruite durant la Seconde Guerre mondiale, et une autre en 1933 pour le plafond de la nef de l’église Saint-Pierre-de-Chaillot à Paris.

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illustration du travail, charrues, paysans labourant
Composition illustrative du travail - Fresque du Forum du Palais de la Porte Dorée
Photo : Lorenzö © Palais de la Porte Dorée
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Composition illustrative de la paix
Composition illustrative de la paix - Fresque du Forum du Palais de la Porte Dorée
Lorenzö © Palais de la Porte Dorée

En 1934, il participe à la décoration du paquebot Normandie pour la Compagnie générale Transatlantique. Il peint pour les murs de la galerie-salon des premières classes deux toiles marouflées, la Conquête Normande et la Paix Normande. Conservées après le démontage du paquebot en 1941, elles sont aujourd’hui visibles dans le hall de l’immeuble Normandie Court à New York.

À partir de 1935 jusque dans les années 1950, Ducos de la Haille s’intéresse à l’art de la tapisserie. Il réalise pour la Manufacture nationale des Gobelins des cartons de tapisseries de grandes dimensions sur le thème des fleuves coloniaux : Le Mékong, Le Niger et La lagune de Madagascar. Les postures des allégories du Mékong et du Niger rappellent ainsi celles des allégories de l’Asie et de l’Afrique de la fresque du Palais de la Porte Dorée. Il peint d’autres cartons de tapisseries après-guerre pour les chambres de commerces de Dijon et de Versailles, ainsi que pour les paquebots L’Ile-de-France, La Liberté et Le Flandre.

Ducos de la Haille se retire en 1959, à l’âge de 70 ans, à Saint-Martin-de-Ré en compagnie des époux Bertola. Il y meurt le 19 janvier 1972. Il est enterré au Château-d’Oléron auprès de sa famille. Le musée d'Art et d'Histoire de Cognac conserve une importante série d’œuvres peintes de l’artiste, grâce à un legs de la famille Mondor. Les grands formats, tel que Le bain des éléphants peint la même année que la fresque du Palais de la Porte Dorée, ont été déposés au Musée Sainte-Croix de Poitiers, ville natale du peintre.