Grand bureau du maréchal Lyautey
Eugène Printz, né le 1ᵉʳ juin 1889 à Paris et mort le 26 mars 1948, est un ébéniste et décorateur français.
Description
Le bureau ovale est formé de deux plateaux superposés à bords arrondis en bois de patawa vernis reposant en partie centrale sur un piètement demi-cylindrique, souligné en partie basse d’un bandeau en lame de bronze. Sur les côtés, deux colonnes de bois massif se terminent par un sabot demi-sphérique, piètement en bronze. Le bureau dispose également de deux tiroirs à prise de tirage crantées en bronze doré.
Sur le pied est visible une estampille monogramme "E.P.".
Historique
Le 24 juillet 1930, le commissariat de l’exposition sur proposition de Monsieur MM. Laprade et Jaussely confie respectivement à MM. Ruhlmann et Printz la décoration des deux salons d’angle du rez de chaussée du musée permanent des colonies. Ces salons devant servir au cours de l’exposition de salons de réception pour les divers groupements et notabilités. Les premiers marchés passés en novembre 1930 comprenaient l’aménagement des espaces, parquet, grandes portes, chambranles, plinthes et portes de distribution des pièces attenantes. Deux autres marchés sont passés avec ces décorateurs pour l’éclairage et la pose de rideaux. Il restait la question du mobilier. Dans l’impossibilité de passer de nouvelles commandes budgétaires pour meubler ces salons, Laprade propose au comité de l’exposition coloniale que les salons soient laissés aux décorateurs comme cadre pour une exposition de meubles crées par eux. Promesse leur ayant été faite que ces ameublements puissent après l’Exposition être achetés pour présenter un ensemble architectural et décoratif cohérent.
Pour meubler ces pièces hautes et vastes, décorées de fresques monumentales au décor omniprésent, Printz conçoit un mobilier puissant de grande taille à double vocation de travail et de réception.
Eugène Printz met à disposition, après accord de M. Laprade, en mai 1931 dans le salon Asie :
- Un grand bureau ovale à 2 tablettes en patawa (palmier)
- Une table en patawa
- 8 fauteuils en palissandre, couvert de velours orange,
- Un fauteuil de bureau en palissandre, couvert en velours orange,
- Un casier porte crayon en patawa,
- 2 lampadaires en métal pour éclairage indirect,
- Un sous-main en maroquin,
- 3 reliures de livres,
- Une sculpture (panthère) de Lasserre,
- Une sculpture de Pimienta,
- Et un vase de Jean Sala.
Le 8 juillet 1932, le commissariat général fera l’acquisition du grand bureau, de la table console, des fauteuils et du casier porte-crayons.
Le placage de palmier de patawa (originaire d’Amazonie, Guyane) : ce palmier de 10 à 20m de hauteur et de 0,15 à 0,30 m de diamètre pousse surtout en Guyane et en Amazonie dans la mangrove et au bord de rivière. Du tronc, seule la couronne externe est utilisable, la partie centrale étant spongieuse. On en tire un très beau bois, à veines noires et blanches, rosées ou orangées, utilisé en marqueterie. C’est un bois onéreux et difficile à travailler. Au début du XXème siècle et jusque dans les années 1935, il arrivait en métropole sous forme de gouttières sans cœur ou de grume ouverte en deux. Ce travail était effectué par des bagnards. Après la fermeture du bagne de Cayenne, les grumes arriveront entières. Pour son utilisation en marqueterie, il faut encore trancher dans les grumes ouvertes de minuscules plaquettes aux fibres rebelles. Les feuilles de placage sont donc sciées et pas déroulées comme d’autres essence de bois. Cette technicité requiert un savoir-faire hors du commun pour un ébéniste. Couper verticalement (bois de bout), il produit un effet plumetis. Trancher longitudinalement, il produit un effet contrasté de veines claires et foncées. Printz en fera son essence emblématique qui lui permettra de se faire un nom et trouver une clientèle attirée par son originalité et son perfectionnisme. L’aménagement du salon Asie lui ouvrira des commandes pour le mobilier national. Il travaille le patawa sur de grandes surfaces et utilise son graphisme en jouant sur les formes courbes et les angles droits.
Printz dans un interview de 1934 dans la revue Mobilier et Décoration décrit son travail et ses sources d’inspiration :
« J’ai toujours été ému par la mystérieuse beauté qui se dégage des conjugaisons de la courbe et de la droite. Au temps où la mode était au style purement rectiligne, je suis, chaque fois que j’ai pu, resté fidèle à cette tendance de mes goûts que j’ai élevée à la dignité d’un principe ... Je vous surtout que les meubles soient vivants. »
Tous les meubles de Printz pour le salon Asie, à l’exception des fauteuils sont des pièces uniques. Pour chaque meuble, il établit une maquette exactement semblable à l’objet définitif, pour vérifier les proportions les ornements et les jeux de lumière sur les volumes. Chaque meuble possède une existence propre et reste indépendant de l’ensemble pour lequel il a été dessiné. Il associe pour chaque meuble la sobriété des lignes à la recherche d’une matière somptueuse.
Printz n’était pas seulement un grand ébéniste ni même un décorateur au sens classique, il assemble. Il n’arrange pas des décors, il conçoit une logique d’ensemble. Pour Printz, la réussite de la décoration d’un espace réside dans le peu de surprise immédiate qu’elle suscite et par une discrète élégance et ce n’est que peu à peu qu’on en découvre les détails et l’harmonie de l’ensemble.
Informations
Bois de palmier, bronze
H. 76 cm ; L. 270 cm ; l. 107 cm
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